La légende de Déborah

Dans un bar de la grande ambassade, on pouvait entendre, à une table reculée, une étrange histoire.

Le seigneur Silver Ironstorm parlait avec une voix grave et calme. On pouvait deviner quelle importance ce récit avait pour lui.

il expliquait à une jeune recrue la légende de la Déesse Déborah.

Il vous suffit de vous approcher un peu pour entendre cette histoire...


Une nuit où les trois lunes d'une planète reculée étaient rousses, il y a plusieurs millénaires, naquit d'une louve une petite fille. Dès qu'il vit ses yeux fascinants, le roi des cieux, Dénorh, ressentit une tendre affection paternelle à son égard.

Il donna à l'enfant le doux nom de Débolith, signifiant "lumière" dans la langue des anciens, et lui offrit sa protection.

Dès sa naissance, elle fut adoptée par la Maarhsa (la meute), nourrie et élevée comme n'importe quel louveteau de son âge. Elle partageait aussi bien les jeux et les "bains" de ses frères et soeurs que leurs repas.

Malheureusement, sa dentition ne lui permettait pas de déchiqueter facilement la viande crue, et son organisme la digérait mal. Loin de la rejeter, les loups ne lui apportèrent que plus d'attention, et elle reçut en plus de cette nourriture des racines, baies et fruits.

Durant leurs jeux, elle se montrait bien plus souple que les autres louveteaux et, au fil des jours, elle combla son apparente faiblesse par une très grande agilité et une rapidité hors du commun.

Vint ensuite le temps de l'apprentissage du difficile métier de chasseur.
Habituellement, seuls les mâles apprenaient à chasser, les femelles s'occupant des petits. Pourtant, Débolith délaissa les femelles de son groupe pour se joindre aux jeunes mâles lors de leurs premières chasses.

Il apparut rapidement que la chasse n'était pas le maître atout de notre future Déesse. Elle se débrouillait cependant fort bien.

Or, il arriva qu'un jour, lors d'un exercice en solitaire, Débolith se mette à pister un lièvre. S'approchant le plus discrètement possible, elle ne se trouvait plus qu'a deux ou trois mètres de l'infortunée créature lorsque celle-ci détala au son d'un bruit effrayant. Un rugissement sans pareil qui devint immédiatement, aux oreilles de la jeune chasseresse, un synonyme de danger. Elle ne voyait pas ce nouvel adversaire, qui devait pourtant être considérable pour pousser un tel cri.

Elle se sentit épiée, et commença à ressentir ce qu'éprouvaient habituellement ses proies. Elle était prise en chasse...

Débolith avait peur... elle sentait un regard posé sur elle mais ne pouvait percevoir son origine. Consciente de sa situation, elle se mit en mouvement, mais très lentement, épiant le moindre signe venant du sous-bois.

Lorsque l'attaque eut lieu, elle resta d'abord paralysée de terreur. Un énorme monstre de plus de 2.50m se jetait sur elle. il possédait des crocs à faire baver d'envie un tyrannosaure, et de puissantes pattes. Elle ne pouvait en distinguer plus car la créature semblait se confondre avec le paysage alentour.

Après une seconde d'hésitation, Débolith se mit à courir le plus vite que lui permettait sa position à quatre pattes.

Après quelques minutes de course, elle se rendit compte qu'elle ne sèmerait pas le monstre et sentait son souffle chaud et humide dans son dos.

Elle se releva alors, se rappelant ces jeux où elle prenait l'avantage grâce à cette autre position, et gagna en vitesse : Courir de cette manière lui permettait également de voir plus loin et de se servir de ses bras pour écarter branches et plantes qui lui barraient la route.

Le monstre gagnait du terrain, encore quelques foulées et elle sentirait ses griffes s'enfoncer dans sa peau. Tout serait terminé.

Une idée germa alors dans son esprit - on raconte que le roi des cieux n'y serait pas étranger - elle sauta le plus haut possible et utilisa ses bras pour s'accorcher à une branche d'arbre. L'adrénaline joua son rôle et la fillette grimpa de branche en branche, gagnant ainsi les hauteurs salutaires des frondaisons.

Elle n'était pas habituée à utiliser ses membres de cette manière et seule son agilité surnaturelle lui permit de conserver son équilibre.

Elle observa le monstre qui rugissait et griffait l'arbre, heureusement trop lourd pour y grimper. il finit pas se décourager et repartit non sans pousser un grognement de colère.

Lorsqu'elle descendit de l'arbre, Débolith se rendit rapidement compte qu'elle s'était complètement égarée. Elle avait couru sous le joug de la peur, et n'avait prit aucun repère.

Elle se remit en route, cherchant une trace, une odeur, un signe familier.
Après plusieurs heures de marche (elle avait conservé sa position debout), la nuit tomba, jettant un voile d'ombre sur la forêt.
La faune nocturne se mit lentement à émerger, et Débolith savait pertinemment que ce climat ne lui serait pas favorable. Elle ne disposait pas de l'excellente vision de nuit de ses congénères, même si, de jour, elle voyait plus loin qu'eux.

Elle déboucha finalement dans une clairière où une étrange forme se dressait. La fillette n'avait jamais rien vu de semblable et décida de l'examiner.

Il s'agissait d'un rocher mais d'une apparence inhabituelle. Elle ne semblait pas naturelle. Débolith venait de faire sa première rencontre avec la civilisation...

Elle s'approcha lentement, guettant le moindre signe hostile. N'en voyant pas, elle pénétra sous une arche massive, et s'avança dans un long couloir, s'étonnant à chaque pas de cette étrange pierre, peinte à certains endroits. Elle arriva dans une grande pièce circulaire où trônait une grande statue. Elle vit une étrange similitude entre cette forme et elle-même.

L'enfant était en pleine réflexion face à cette situation nouvelle. Elle s'approcha plus de la statue et entra sans s'en rendre compte dans un cercle tracé sur le sol.

Soudain, une lumière vive l'éblouit et un son inhabituel et mélodieux retentit. Elle n'avait jamais entendu quelque chose de semblable auparavant et trouva cela plutôt agréable.

Ensuite, ce fut le sol qui se mit en mouvement, et effraya Débolith.
Le tremblement s'arrêta peu après, et un autre son se fit entendre. Elle ne comprenait pas ce qu'il se passait. Les sons ressemblaient à ceux qu'elle émettait parfois. Les yeux de la statue s'illuminèrent et un rayon en jaillit, frappant la fillette. Celle-ci s'évanouit...

Quand elle revint à elle, Débolith avit une étrange sensation. Elle sentait des changements dans son corps, mais ne comprenait pas lesquels.

Elle se releva lentement, inquiète d'être ainsi exposée. Après quelques minutes passées à inspecter les alentours, elle se dirigea vers la sortie, bien décidée à rejoindre la Maarhsa.

Une fois dehors, elle constata avec étonnement que le soleil brillait haut dans le ciel. Elle était restée inconsciente plusieurs heures.

Elle se concentra pour tenter de touver une piste à suivre, et se rendit compte qu'elle savait parfaitement où se trouvait son clan, alors que la veille, elle ignorait jusqu'à la direction générale à prendre.

Débolith ne se posa pas plus de questions et prit le chemin du retour.

Lorsqu'elle arriva en vue de la grotte ou résidait son clan, elle se mit à courir... et percuta un arbre. A moitié assomée, la fillette se releva péniblement, et s'interrogea sur les raisons de cet accident. Regardant autour d'elle, elle vit qu'elle avait parcouru une distance beaucoup plus grande que ce qu'elle escomptait.

Décidément, beaucoup de choses étaient étranges aujourd'hui...

Elle reprit lentement ses esprits, et se remit à marcher vers la grotte...

Lorsque Débolith arriva à la grotte, les autres loups se méfièrent. La fillette se rappela qu'elle était toujours sur deux pattes, et revint immédiatement à la position quadrupède. Elle avait toujours eu du mal à imiter les jappements des loups et éprouva la même difficulté à leurs expliquer le danger qui régnait dans cette partie de la forêt.

Heureusement, elle y parvint et les grands mâles décidèrent d'affronter l'ennemi, venu envahir leur territoire. Ils partirent donc à la tombée de la nuit. Les femelles s'occupèrent de l'enfant en lui faisant une toilette complète. Elle en avait bien besoin!

Peu de temps après, Débolith s'endormit, allongée près des autres femelles et des jeunes, sous le regard bienveillant du dieu Dénoth.

Au petit matin, les mâles rentrèrent, disant qu'ils n'avaient pas trouvé la bête, mais senti son odeur.

Plusieurs mois passèrent, et l'enfant grandissait. Elle avait complètement oublié l'épisode de l'étrange rocher, et s'acquittait avec plaisir des tâches habituelles de la Maarhsa.

Un jour pourtant, un fait vint bouleverser l'équilibre parfait qui régnait dans la Maarhsa : Lors d'une chasse, les loups rencontrèrent d'étranges animaux. Ils firent rapidement le rapprochement entre leur attitude et celle de leur protégée. Ils se déplaçaient sur 2 jambes et étaient maladroits dans la forêt. Cependant, ils portaient d'étranges fourrures aux couleurs surnaturelles. Près d'eux fumait une étrange créature, aux odeurs désagréables et d'une chaleur étouffante.

Dans le doute, les loups se tinrent cachés et observèrent les nouveaux venus. Ceux-ci manipulaient des objets avec une grande facilité et semblaient bâtir quelque chose...

Au bout de plusieurs jours d'observations, il apparu évident que les nouveaux venus ne partiraient pas rapidement. Ils faisaient des incursions de plus en plus profonde dans la forêt et, s'ils continuaient ainsi, il ne faudrait pas plus d'une lune pour qu'ils entrent en plein territoire des loups.

Les autres membres de la Maarhsa étaient inquiets, eux aussi. Ils avaient vus les griffes étranges qui poussaient parfois au bout de leurs pattes. Ils avaient vu les arbres tomber, tranchés par ces mêmes griffes. La bête qui les accompagnait ne bougait plus mais on pouvait entendre un bruit sourd et régulier qui s'en échappait, une respiration lente qui faisait frissonner les loups et avait éloigné les autres animaux.

Lorsque leur approche devint évidente et imminente, ils décidèrent d'envoyer Débolith pour les rencontrer. Elle leurs ressemblait et pourrait peut-être comprendre pourquoi ils envahissaient ainsi un territoire sacré.

L'enfant, alors agée de 9 révolutions, n'avait pas la moindre envie de se rendre chez ces gens. Elle refusait l'idée qu'ils se ressemblaient.

Elle s'y rendit pourtant, pour le bien de la meute. Escortée par les plus vaillants guerriers, la petite fille prit le chemin du terrier étranger...
Lorsqu'elle arriva à l'orée de la clairière, les regards se tournèrent instantanément vers elle, les bras se tendirent et une voix forte cria:" Ne bougez plus!"

Débolith s'arrêta net. Non pas du fait de l'injonction, mais parce qu'elle avait comprit l'homme. Le souvenir de l'étrange rocher creux revint à la surface. A la réflexion, ce rocher n'était pas si différent de la bête ou des étranges monticules que les étrangers construisaient.

Elle se redressa instinctivement, et les étrangers se détendirent. Ce n'était qu'une fillette, et elle ne portait pas d'arme.

L'un d'eux s'approcha mais s'arrêta lorsqu'il vit les loups. A nouveau il tendit le bras. Débolith réagi immédiatement et dit : "Non, ne les tuez pas, ils sont avec moi." Elle plaqua ensuite les mains sur sa bouche. Son cerveau tournait à plein régime. Comment avait-elle comprit ce qu'il fallait dire, quels mots choisir parmi les milliers qui se pressaient dans sa tête?

En tout cas, l'homme ne griffa pas ses amis. "C'était l'essentiel", se dit-elle.

"Qui es-tu et que fais tu là?" Lui demanda l'homme.
" Je vis ici, et mes amis et nous sommes inquiets parce que vous venez sur notre territoire." Elle se demanda si elle ne devenait pas folle, comme le vieux Lakiu à la grotte qui appelait à l'aide en plein nuit, pensant qu'il était attaqué par une armée de blaireaux géants. Elle se détendit à se souvenir, et se dit qu'elle ne devait pas être folle.

"Quel est ton nom? "
Nom? Des idées se bousculaient dans son esprit, des concepts qui lui étaient inconnu. En y réfléchissant, elle venait également de nommer un des membres de la Maarhsa.

"Je ne sais pas, et vous?" fut la seule chose qu'elle trouva à dire.
"- Je me nomme Kal Rathélion. Donc, tu n'as pas de nom? Où sont tes parents? Ton village? Que fais-tu avec ces animaux sauvages?
- Ce ne sont pas des animaux sauvages, cria-elle, se sont mes amis. Quand au reste je ne sais pas de quoi vous parlez, ma famille est là.
- Allons petite, tu ne vas pas essayer de me faire croire que tu vis avec des loups?
-Vous vivez bien avec cette bête puante et grondante!", rétorqua-elle. Son esprit ne réfléchissait plus. L'étranger avait insulté sa meute, et un sentiment nouveau naissait en elle : la colère. Et il lui donnait de l'énergie. Elle répondait par des mots qu'elle savait justes, mais ne comprenait leur signification qu'au moment de les dire.

- Ca? L’homme désigna la créature. Ce n'est pas une bête, c'est un vaisseau spatial. Il ne respire pas, c'est son moteur qui tourne.

A nouveau, Débolith senti la confusion la gagner. Les loups avaient reculé, effrayés par leur protégée qui grognait et jappait dans le même langage qui l'inconnu. La fillette n'avait aucun appui, les mots résonnaient dans sa tête: moteur, vaisseau, spatial... des concepts effrayant venaient dans son crâne, des mots, des chiffres, des images,... C'en était trop. Elle poussa un cri, et tomba évanouie...

A son réveil, Débolith fut assaillie de sensations étranges, à commencer par l'odeur. Elle ne connaissait pas ce parfum, et s'en serait bien passée. Un mélange de minéraux et d'huile qui lui soulevait le coeur.

Ensuite, elle entendit le bruit sourd et régulier de la bête, ou plutôt du vaisseau spatial. Il était beaucoup plus fort, et elle se rendit compte qu'elle se trouvait dans la bête. Immédiatement, elle prit peur, ses instincts refaisant surface. Elle prit quelques secondes pour se raisonner, et ses nouvelles connaissances l'y aidèrent. La bête ne l'avait pas mangée, elle ne servait que de transport.

La sensation suivante fut celle sur son corps : Il était recouvert d'une étrange peau rugueuse et froide, comme les autres étrangers.

Elle sentit alors les regards posés sur elle. elle se redressa et regarda les étrangers:

"Ou suis-je?", murmura-t-elle.
"Tu es dans le vaisseau. Nous t'avons amenée ici pour contrôler si tu allais bien." C'était l'homme avec lequel elle avait parlé à l'extérieur, le dénommé Kal Rathélion.
"Je vais bien, je veux partir. Où sont mes amis?
"Du calme, petite", répondit-il, "tes amis attendent à l'extérieur. Nous avons du les effrayer car ils ne voulaient pas que nous te prenions. Rassure-toi, nous ne leur avons fait aucuns mal."
- Je veux les voir, déclara-t-elle.
- Tu les verras, mais nous devons d'abord te faire examiner par le médecin du bord. Il va vérifier que tu vas bien."

A nouveau des concepts vinrent à l'esprit de la fillette, médecine, équipage, sciences...

- Je ne veux pas qu'il m'examine, je vais bien! Elle avait haussé le ton. Sa mémoire lui expliquait au fur et à mesure les divers examens que cette personne pouvait pratiquer, et elle n'en avait aucune envie.
- Nous ne pouvons prendre le risque de te savoir malade, ne fût-ce que pour éviter que nous le soyons.

Maladie, sciences, médecine, des mots lui venaient...
- Alors vous auriez du me placer en quarantaine, m'isoler du reste de l'équipage, dit-elle surprise par les phrases qu'elle prononçait.

Visiblement, elle n'était plus la seule, maintenant. L'homme la regardait étrangement aussi.

- Qui es-tu? Si tu ne connais pas autre chose que les loups, comment sais-tu tout ça? Qui te l'a appris? Il semblait suspicieux à présent.

- Je ne sais pas, ça me vient comme ça. Je n'ai pas besoin d'y réfléchir. L'enfant avait retrouvé toute sa lucidité et ne voulait qu’une chose : Sortir de cet endroit puant et retrouver ses amis et sa famille.

Bien dit-il, tu ne sais pas d'ou tu tiens toutes ces informations, soit. Nous allons tenter de le découvrir.

Peux-tu me dire si, à un moment ou à un autre, tu as été en contact avec une autre civilisation? Une personne que tu aurais rencontrée?

- Je ne sais pas. Je crois, peut-être... Il y a plusieurs lunes de ça, je m'étais perdue et je suis arrivée à une grande bâtisse, qui ressemble un peu à votre "vaisseau"

Je ne sais plus ce qu'il s'est passé dedans, mais quand je suis ressortie, je me sentais... différente.

- Tu pourrais nous montrer ou tu as trouvé cette chose?
- Non.
- Pourquoi?
- Parce que je veux rentrer chez moi et je veux que vous melaissiez tranquille.
- Ecoute, on va faire un marché. Tu comprend "marché" ? Voilà...
- NON! A vous de m'écouter! Je ne veux rien avoir à faire avec vous, vous n'êtes pas le bienvenu en ce lieu, vous nous dérangez, vous comprenez "dérangez" ?.

L'homme eut l'air surpris, puis son visage se fendit d'un sourire malsain.
- Oh, je comprends très bien fillette. Mais maintenant, c'est à toi de comprendre quelque chose. Ce n'est pas à toi de prendre les décisions ici. Tu es dans mon vaisseau, et jusqu'a preuve du contraire, tu es orpheline et tu réponds donc aux lois galactiques sur le sujet. Ce qui veut dire en version simplifiée, que je prends les décisions à ta place. Compris, fillette?

Débolith se rendit compte quelle avait commis une erreur : Elle avait mis l'étranger en colère, et il était sur son territoire. Elle ne partait pas gagnante en cas d'affrontement.

- Je comprend ce que vous voulez dire, dit-elle d'une petite voix soumise. Je vous montrerai l'endroit que j'ai trouvé. Mais après, vous me laisserez rentrer chez moi?

Un sourire se dessina sur les lèvres de l'homme.
- Bien sûr petite, tu as ma parole.

Débolith n'avait peut-être jamais côtoyé les humains, mais elle sentit une chose :


L'homme mentait...

L'homme était méfiant également. Quand ils sortirent de l'appareil, Débolith eut l'occasion d'examiner plus attentivement les membres de l'équipage. Ils semblaient être 15, et "l'étranger", comme elle le surnommait intérieurement, en était le chef.

Ils commettaient des erreurs, mais peu. Le médecin ne l'avait pas examinée, tant ils étaient pressés de partir. Impatients, se dit-elle. Ca pourra me servir. En forêt, c'est le plus patient qui chasse et ramène la proie.

Ils étaient bien organisés, mais ils n'étaient pas organisés pour la forêt. Ils sont maladroits, encombrés par leur peau et les objets qu'ils portaient. Telles étaient ses pensées.

- "Bien ! A présent, conduis-nous jusqu'à l'endroit ou tu as trouvé la bâtisse.
- Oui, tout de suite, monsieur". L'enfant conservait sa voix apeurée, mais elle était confiante. "Je vous emmène sur mon terrain, et vous n'êtes pas les bienvenus", se disait-elle.

Elle remarqua rapidement que les grands mâles de son clan la suivaient, discrètement. Les autres ne les avaient pas remarqués.

- "C'est par ici, monsieur, mais ce n'est pas tout près.
- Nous avons le temps, petite, mais pas trop. Cesse de parler et avance."

Le chef était nerveux. Il ne semblait pas plus habitués que son équipage.

"Vous allez voir, ce qu'est la forêt", murmura-elle...

La petite expédition se mit en route, une jeune enfant, encadrée par 3 solides gaillards et un quatrième qui semblait épier le moindre mouvement.

"Seul le chef sera dangereux quand les chasseurs attaqueront. Il me faudra le distraire."

En quelques minutes, la fillette était passée d'insouciant louveteau à tacticienne. Les changements qui s'opéraient en elle l'effrayaient un peu, mais elle était contente de savoir tant de choses. De nouveaux horizons s'ouvraient à elle.

Au fur et à mesure que la petite équipe s'enfonçait dans la forêt, Débolith continua d'observer ses geoliers.

Elle remarqua qu'ils la suivaient des yeux tout le temps, mais ne regardaient pas ailleurs. Elle commenca donc à incliner sa trajectoire pour finalement amener les hommes sur un cercle. Elle comptait sur ses frères loups pour s'en rendre compte et intervenir au bon moment.

Ce moment arriva lors de la première pause. Les hommes étaient fatigués de marcher dans cet environnement hostile,alors qu'elle y était habituée.

Lorsqu le chef signifia la halte, elle se rapprocha de lui:
" Vous voulez vous arrêter combien de temps?
- Quelques minutes fillette, repose toi aussi, on repartira vite.
- Ne vous en faites pas pour moi!"

L'enfant se jetta sur l'homme et le propulsa au sol, tout en s'emparant de ses griffes lumineuses. Les loups passèrent également à l'attaque. La situation passa rapidemment du coté des assaillants. Les loups n'avaient pas laissée une chance aux humains : Débolith avait surpris le chef et, aidée de deux grands mâles, elle le maîtrisa. Il était blessé mais vivant ce qui n'était pas le cas de ses comparses, qui avaient la gorge arrachée. Pas de pitié chez les loups, pensa-t-elle...

Elle se retourna vers le chef...

"Bon, maintenant que la situation est retournée, parlons un peu. Pourquoi avoir utilisé la force sur moi? Qu'est-ce qui vous a fait croire que je me laisserais faire sans réagir?

Vous venez ici, sur NOTRE territoire, et vous croyez que vous allez faire la loi? Pour qui vous prenez-vous?"

L'homme la fixa et son regard donna des frissons à l'enfant, un regard de colère, de violence, un regard de mort...
"- Tu as gagné la première manche, petite fille, mais je t'assure qu'il y en aura d'autres. Tu as fais de moi ton ennemi alors que je ne voulais que des informations. Tu as fait mourir mon équipage et tu me le paieras un jour.
- Vous n'êtes pas en position pour me menacer. Et si vous ne voulez pas subir le même sort que vos compagnons, vous allez me dire ce que vous faisiez ici.
- N'y compte pas gamine, cracha-t-il.
- Bien ! Puisque vous le prenez comme ça. "

Débolith attacha l'homme avec des lianes solides et dit en s'éloignant.
"- Espérez que les gros prédateurs vous trouvent avant les petits, c'est nettement moins long."

L'enfant et les loups se dirigèrent alors vers le vaisseau. Leur mission n'était pas terminée.

A l'orée de la clairière, ils observèrent les membres de la petite équipe qui restaient, 11 à bien compter.

Pour la plupart, ils continuaient à construire leurs étranges grottes (ce que l'esprit de la fillette identifia comme habitations).

Les autres montaient la garde aux alentours du vaisseau. Ils semblaient tellement sûrs de leurs puissance de feu qu'ils ne faisaient pas vraiment attention.

Encore une erreur, finalement, ils ne sont pas si dangereux qu'ils le prétendent.

Ils attendirent que la nuit tombe... la lune se leva lentement et Déboltih, en voyant ses premiers rayons, sentit une étrange chaleur dans son ventre. A nouveau, son esprit lui communiqua des souvenirs étrangers, à nouveau, cette masse d'information lui fit peur tout en lui conférant un sentiment de puissance incroyable.

Elle sentait les changements au plus profond d'elle, elle voyait son corps se redresser, après les années passées à quatre pattes. Lorsqu'elle se remit à marcher, elle vit la lenteur avec laquelle ses amis et ses ennemis évoluaient. En même temps que cette constatation, un mot lui vint à l'esprit : "célérité".

Elle utilisa donc cette célérité et fonça vers les gardes. Ils ne bougèrent même pas, ils n'en eurent pas le temps. Elle cueillit le premier en dessous de la machoire, et l'entendit cette dernière exploser. Le second n'eut pas plus de chance, csa nuque était brisée avant qu'il ne comprenne pourquoi.

Le deux autres subirent un sort semblable, et en tout, quatre gardes avait trouvé la mort, alors que les autres hommes n'avaient pas porté le coup de masse suivant sur les piquets de leurs tentes.

Débolith stoppa net sa course et sentit son coeur pulser à un rythme effréné.

Elle se planta devant les autres et leurs dit.
"- Vos amis sont morts ! Rendez-vous ou vous irez les rejoindre."

D'abord incrédule, l'équipage vit ensuite les cadavres des gardes, et un masque de peur se fixa sur leurs visages.
"- Que veux-tu? Demanda l'un des hommes?
- C'est assez simple en fait. Je veux que vous partiez et que vous ne reveniez jamais. Est-ce assez clair?
- Très ! nous partons. Kal est mort lui aussi,?
- Probablement. Ne vous occupez pas de lui. S'il ets encore en vie, il ne le restera plus longtemps. Partez."

Sans plus insister, les membres survivants embarquèrent dans la bête fumante et puante. Celle-ci émit un long grognement et s'éleva dans le ciel, avant de disparaître.

Débolith, se retourna vers les grands mâles et leurs exprima son envie de rentrer. Tout danger était écarté. Pour l'instant...

Pour l'instant était bien le terme qui convenait...
La meute resta en paix pendant 14 lunes et Débolith entrait dans sa 10ème année terrestre. Elle n'avait pas oublié l'épisode du vaisseau et depuis, essayais de mieux maîtriser ses dons.

Elle était devenue la meilleure combattante de la meute, ce qui n'alla pas sans entraîner des défis. Elle les remporta tous haut la main mais reçut, lors de l'un deux, un longue estafilade qui partait de l'épaule gauche et arrivait sur la hanche droite.

Il en resta une cicatrice éthérée, qu'elle prit pour une leçon.

Ses connaissances, n'avaient arrêté de ses manifester et elle en faisait profiter ses compagnons. Des herbes qui soignent aux plans d'assaut, tout était bon pour le bien-être du clan.

C'est lors d'un de ses assauts qu'elle revit les traces de la créature qui l'avait attaqué 1 an plus tôt...


Débolith fit comprendre à ses compagnons qu'elle désirait partir seule à la chasse de cette créature. Elle avait un compte à régler.

Débolith suivit les traces jusqu'à une grotte. Celle-ci lui rappela de nombreux souvenirs. Elle s'arrêta et observa l'excavation. Elle semblait taillée, comme l'autre, mais d'une manière plus brutale. En regardant mieux, elle vit que c'était des marques de griffes qui zébraient la roche.

Je n'ai pas intérêt à subir un de ses coups se dit-elle.

Elle s'approcha ensuite et entra précautionneusement dans le tertre de la créature. Comme ce dernier était presque invisible, la jeune fille ferma les yeux.
Je n'ai pas besoin de voir, je dois sentir.
En se concentrant, elle huma des odeurs de cadavres, et un musc très particulier, c'est lui , pensa-elle.

Lors de cette dernière année, elle avait compris autre chose d'inhabituel : Elle pouvait ressentir les choses. Elle fit appel à ce sens, et sentit immédiatement la proximité du monstre.

Il m'observe, je suis en danger...
Cependant lorsque l'attaque survint elle était prête.

Le coup de griffe trancha dans le vide, elle s’était glissée sous son bras et se retrouva à quelques centimètres de la bête.

Il est trop gros, il ne peut pas bouger facilement ici et je suis contre lui...

Elle porta un coup dans son poitrail et une douleur intense parcouru sa main.
Brisée... C'est impossible, ce monstre est invulnérable. La peur envahit l'enfant. Comme la première fois, il était toujours plus fort qu'elle. elle en reçu la confirmation lorsque qu'un coup formidable l'atteignit en pleine poitrine, des étoiles passèrent devant ses yeux et elle reçut un choc à la tête lors de son impact sur la roche.

Il m'a projetée. On ne peut pas battre ce truc. Rien n'est aussi fort sur cette planète. Sa réflexion se poursuivit dans un brouillard, elle sentit un liquide chaud couler sur ses yeux.

Le goût de cuivre lui indiqua la nature de ce liquide. Je suis gravement blessée. Son esprit restait logique, implacablement logique.
Ce truc m'a gravement blessé, je vais mourir, il va me dévorer.
NON! pensa-elle, je ne ma laisserai pas bouffer comme un daim. Je suis plus rapide que lui, il le faut.

La fillette, se concentra à nouveau. Le monstre arrivait, vite.
Elle voulut rouler sur le coté, mais ses jambes ne lui répondait plus.
Nuque brisée, répondit son esprit à sa question silencieuse. u ne bougera plus.

Elle bougea cependant. Elle roula sur le côté, et esquiva le monstre qui alla s'écraser sur la roche dans un bruit fantastique.

Je suis moins blessée que prévu, tant mieux. Je ne peux l'attaquer, voyons si je peux le piéger.

Elle courut vers la sortie, le monstre sur ses talons.

Elle sentait le sang battre furieusement ses tempes. Il faut absolument que je soigne cette blessure.

Débolith courait le plus vite possible vers l'orée de la forêt. Le monstre la poursuivait, et il gagnait du terrain.

L'enfant se jeta dans arbre, tactique qui avait déjà fonctionné auparavant.

Je vais pouvoir me soigner, pensa la jeune fille. Elle appliqua des feuilles sur sa nuque pour stopper l'hémorragie, et les relia avec une petite liane pour qu'elles tiennent seules sur sa tête.

J'ai perdu beaucoup de sang, il faut que je fasse vite, il faut que je détruise ce monstre. Mais comment?

L'idée lui vint soudain sous la forme d'une ruche.
Le monstre avait rejoint l'arbre, et cette fois, donna un grand coup de pattes dans ce dernier, qui émit un sinistre craquement, puis s'écroula.

Débolith sauta sur l'arbre suivant et atterrit à côté de la ruche.


Des frelons noirs. Ca devrait suffire...

Elle attrapa la ruche à pleines mains et la lança sur le monstre avant que les insectes ne soient sortis. La ruche s'écrasa sur la tête de la créature et les frelons furieux s'en prirent immédiatement au monstre.

Quatre piqûres tuent un grand ours, un essaim devrait suffire.

La bête poussant un hurlement à glacer les veines, Débolith eut un vertige.
Ondes soniques, lui dit son esprit. S'en suivirent les concepts et explications relatives au sujet.

Mais c'est pas vrai! S'exclama l'enfant lorsqu'elle vit les frelons morts sur le sol...

Il faut quoi? Une montagne? Débolith resta paralysée un moment, elle n'avait plus d'idées...

La créature en profita pour pousser un nouveau rugissement dans sa direction, La jeune fille "vit " le rugissement, une sorte de tremblement dans l'air, elle sauta, mais ses tympans semblèrent exploser.

Encore touchée... Elle tomba sur le sol, les mains sur les oreilles. Son sens de l'orientation, de l'équilibre et les sons avaient disparus, ne laissant plus qu'une vague de douleur. Elle sentit à nouveau le sang, mais cette fois, c'était de ses oreilles qu'il coulait.

Elle se remit péniblement debout, voulut faire un pas, mais retomba.

Heureusement que les autres ne sont pas venus. J'ai été stupide de croire que je pouvais le battre, et je l'aurais été encore plus si les grands mâles étaient venus avec moi.

Elle ressentit le monstre la charger à toute vitesse. Elle se retourna et le vit une fraction de seconde avant le choc, elle vit aussi une étrange forme sur le haut de son front, un renfoncement, comme une blessure.

Je dois frapper là!

Le choc fut terrifiant, Débolith décolla littéralement du sol et alla s'écraser sur un arbre à plusieurs dizaines de mètres.

il m'a encore brisé des os, je ne vais jamais survivre à ce combat.
Débolith avait résisté à l'impact et réfléchissait à toute vitesse.

Bon, je devrais être morte, il m'a envoyé assez fort pour me démembrer plusieurs fois. Ce n’est pas normal, mais plus rien n’est normal depuis un moment de toute façon. Je penserai à ça plus tard.

Elle vit une longue branche qui s'était cassée lors de sa rencontre avec l'arbre. Elle s'en empara, et regarda la bête. Celle-ci avait repris sa course vers elle. Au dernier moment elle se jeta entre ses jambes et roula derrière lui. Elle se reçu sur son poignet brisé, et se mordit les lèvres pour ne pas crier.

Elle se redressa et lorsque le monstre se retourna elle frappa de toutes ses forces vers ce point sur son front. La branche s'y enfonça sur la moitié de sa longueur. La bête poussa un autre hurlement, de douleur pensa-elle. Puis elle fut à nouveau projetée par l’onde sonique. Elle se reçut sur ses jambes mais tomba instantanément évanouie.

Soit j'ai gagné, soit je suis morte...

Débolith se réveilla en sentant une langue sur son visage.

Elle ouvrit lentement les yeux et vit un museau amical qui léchait lentement ses plaies.

Un des grands mâles...

Je suis sauvée, enfin.

Elle voulu se redresser. Mais à ce moment, elle se rendit compte qu'elle n'était pas prête d'y arriver. Elle avait plusieurs membres brisés, elle n'entendait plus aucun son et se sentait très faible. Des étoiles continuaient de danser devant ses yeux.
T'es en très mauvais état, ma vieille.

Elle se contenta de regarder le grand mâle. Elle dirigea ensuite son regard vers la carcasse de la créature. Maintenant, elle pouvait l'observer sans son camouflage. Elle était immense, plus de trois mètres, et possédait une épaisse carapace, ainsi que des crocs et des griffes qui imposaient le respect.

Un crâne long et une boursouflure derrière. Elle avait également un étrange symbole sur le poitrail. Une croix, plutôt, une étoile.

"Ramenez-moi près du clan..." Sa voix était faible, un goût de sang restait dans sa bouche. Elle espérait s'être fait comprendre.

Le grand mâle, la regarda un instant et attrapa délicatement son épaule dans sa gueule. La fillette poussa un faible gémissement, tout son corps lui hurlait de ne plus bouger, mais elle savait que rester seule et blessée dans la forêt était la pire chose qu'elle pouvait faire. Elle garda le silence et supporta le transport sur plusieurs kilomètres.

Elle voyait défiler le ciel étoilé lentement, et il lui semblait que le temps s'était arrêté. Elle ne percevait plus rien, plus de sons, plus d'odeurs, elle ne voyait qu'un brouillard, et lorsque sa vue reprenait un semblant de clarté, elle regardait le loup qui peinait à la tirer sur une distance aussi longue.

Ils arrivèrent enfin à la grotte, où l'enfant serait en sécurité.

Elle fut couchée contre le flanc de l'une des louves, et sa douce chaleur la réconforta un peu. Elle souffrait dans son corps, mais son esprit était heureux et fier d'avoir éliminé ce monstre.

Il restait plusieurs interrogations. Comment avait-elle tenu aussi longtemps ? Comment ce monstre était arrivé là ? Comment.... Elle s'endormit en rêvant de ce monstre qui se relevait lentement dans la forêt...

Débolith resta longtemps dans le coma. Ses rêves étaient peuplés de monstres, avec un symbole étoilé sur la poitrine. Elle rêvait aussi des maîtres de cette créature. Elle en était sûre, cette bête n'était pas arrivée là seule.

Elle rêva d'étoiles, de vaisseaux, de combats, de morts.


Elle se réveilla lentement, son corps ne lui faisait plus mal.
Elle avait faim et encore plus soif. Elle regarda autour d'elle et vit un visage...

Oh non, pas encore...

" Emmenez-là, fit une voix impérieuse."

Déboltih regarda autour d'elle et ce qu'elle vit s'imprima à jamais dans sa mémoire.

Les loups étaient là, tous. Ils étaient entassés comme des proies. Les grands mâles, mais aussi les louves et les louveteaux. Morts, tous morts...

L'enfant sentit ses yeux se remplir de larmes. Son esprit la bombardait de nouveaux concepts à une vitesse effrayante. Elle n'avait eu cela qu'une fois, lorsque la colère de la fillette avait atteint son paroxysme.

"Morts" murmura-elle, "vous les avez tués. ASSASSINS!

L'enfant se releva d'un bond, l'homme qui se penchait pour la ramasser reçut son crâne en pleine mâchoire dans un craquement sinistre.

"Pourquoi? Les... avez... vous... tués? POURQUOI?

REPONDEZ! L'enfant tremblait de colère, ses yeux la brûlaient. En un instant, sa vie avec les loups repassa. Les jeux, les bains, le réconfort du ventre chaud des louves, la force des mâles, les courses éperdues en forêt... Tout cela était fini. Ces monstres avaient envahi son territoire, avaient massacrés ses amis, ses frères.

"Je vais vous tuer, dit-elle d'une voix blanche..., vous aller payer."

Elle se jeta sur le premier et lui asséna un coup dans le torse. L'homme tomba en arrière et Débolith se retourna vers les autres. Elle tenait dans son poing serré, le coeur de l'homme... Son regard meurtrier avait perdu toute trace d'innocence.

"Je vais vous tuer..."

Elle se mit à marcher vers les autres hommes, qui reculèrent vers l'entrée. Ils ne semblaient pas effrayés. Presque contents....

Débolith s'élança une fois de plus, mais atterrit sur une plaque d'os. Elle leva la tête et vit le monstre. Elle le regarda sans plus aucune peur cette fois et calmement, posa ses mains sur le sol. Puis dans un mouvement d'une violence extrême, elle lança son pied sur le front de la créature qui recula en titubant. L'arrière de son crâne avait explosé.

Débolith se releva, tout aussi froidement. Elle enjamba le corps du monstre et reprit sa marche vers les hommes. Maintenant elle pouvait lire la peur sur leurs visages, et en éprouva un immense contentement.

Ils se mirent à courir.

Inutile. Vous aller me le payer, et vos jambes ne vous serviront à rien.

Elle se lança à leur poursuite.

Lorsque 'elle atteignit l'entrée de la tanière, elle remarqua à peine la lune qui brillait d'un éclat inhabituel. Elle continua de marcher vers les assassins de ses frères, ne s'arrêtant même pas lorsque deux monstres étoilés se dressèrent devant elle. Elle les regarda et sauta entre eux...

Les monstres s'écroulèrent, sans vie, un trou béant à la place de leurs fronts.

"Je vais vous tuer", répétait-elle, sans une once de sentiment dans la voix.

Les hommes avaient couru jusqu'à un vaisseau, plus grand que celui qui était venu précédemment. D'étranges protubérances jonchaient le monstre de métal. Plusieurs d'entres elles se pointèrent vers Débolith, qui continuait d'avancer. Une forte odeur d'iode parvint aux narines de la jeune fille.

"Danger !, lui cria son cerveau"

Elle fit un bond surhumain et se retrouva à plusieurs mètres de la trace sombre que les lasers avaient laissé sur le sol.

"Vous croyez m'arrêter avec quelque chose d'aussi lent?" Un sourire cruel était apparu sur le visage de Débolith, et elle se mit à courir. Les portes du vaisseaux se refermèrent quelques secondes après son entrée.

Elle parcouru la structure, et arriva dans une salle "de commande" comme lui indiquèrent ses neurones, lancés à pleine vitesse pour donner les informations.

Sept personnes se trouvaient là. Deux hommes, une femme et... quatre enfants.

Les hommes s'étaient placés entre elle et les enfants, la femme les tenait dans ses bras.

"Ils ont peur, ils sont morts de peur..." La colère aveuglait la jeune fille… "

Elle s'arrêta. Les hommes firent feu de leurs armes et elle vit les rayons aussi distinctement que si ils venaient au ralenti. Elle les esquiva sans problème, et arriva près des hommes. Elle leurs arracha leurs armes et les brisa.

"Pourquoi?" Elle avait planté ses yeux dans ceux de l'homme habillé de noir "le chef"

"- Ils refusaient obstinément de nous laisser approcher, nous vous croyions en danger
- Vous mentez!
- Ecoutez, ne nous faites pas de mal, nous...
- Je vais vous tuer !" La phrase claqua comme un fouet et les yeux des enfants se remplirent de larmes.
"Pas plus de cinq révolutions" se dit-elle.

"- Epargnez au moins les enfants...
- Avez-vous épargné les nôtres? "

Débolith lança ses poings qui traversèrent sans peine la faible protection qu’offraient la peau et les os des deux hommes. Elle sentit leurs coeurs éclater sous l'impact et le sang jaillit comme deux fontaines, et éclaboussa la jeune fille...

Un des enfants poussa un cri, le seul qui n'avait pas les yeux cachés par la femme.

"Je vous en supplie, laissez-les..." La femme était terrorisée. Brusquement, elle se redressa et ses yeux brillèrent d'un éclat étonnamment fort.

"Elle est plus dangereuse, elle se bats pour la vie de ses louveteaux"
La femme sortit une arme et tira à bout portant sur Débolith. Cette dernière évita les rayons et abattit sa main sur l'arme.

Le craquement caractéristique des os se fit entendre lorsqu'elle brisa la main de la mère.

Loin de reculer, celle-ci attaqua à nouveau, les larmes aux yeux. "Elle frappe en aveugle, ce n'est pas une combattante" Elle laissa le coup l'atteindre. La femme eut un sourire, une lame jaillit de sa main et se planta dans la poitrine de la jeune fille.

"Idiote!" lui cria son esprit! "Tu t'es faite avoir, c'est une combattante, c'est elle le chef"

Trop tard, la femme avait répété son geste plusieurs fois et Débolith remarqua froidement, que tous ses organes vitaux étaient touchés.

"Tu es moins fière maintenant?" La femme souriait. Débolith, elle, éclata de rire.

"La douleur ne m'atteint pas, femme! Seule la violence alimente mon bras!" Elle planta son poing dans le crâne de la femme, qui émit un craquement semblable à celui d'un oeuf que l'on brise...

Le chef du vaisseau s'écroula comme une poupée de chiffons.

La jeune fille se retourna vers les enfants qui voyant la scène, se jetèrent sur le cadavre de la femme.

"Maman, maman, criaient-ils, Réveilles- toi!"

Débolith les regarda un instant et toute violence disparut en elle.
"Je ne vaux pas mieux qu'eux... j'ai fait la même chose. "

Elle se retourna et pris le chemin de la sortie, elle commençait à peine à ressentir la vie qui s'échappait de son corps par les blessures de la femme, "Akiné", d'après sa plaque.

Débolith arriva à l'extérieur du vaisseau et s'installa sur la coque, offrant son visage aux étoiles, elle contempla un long moments ces dernières. La lune avait disparu derrière un gros nuage. Les sang ne coulait plus de ses blessures et la jeune fille repassait sa vie devant ses yeux baignés de larmes.

Tout ce qui avait un jour compté pour elle avait été anéanti cette nuit, ses amis, ses frères, son clan, sa famille. Tout.

Elle se sentait sale, déshonorée par la violence qu'elle avait exercée en représailles. "Je leur ressemble, j'ai agi comme eux... humaine."

Elle entendit brusquement des pas feutrés sur le sol de la clairière. Déboltih se retourna et distingua un des enfants qui s'approchait d'elle lentement. Il était discret. "Pas assez... Mais que me veut-il ? Pas se venger tout de même. Je ne veux pas avoir à prendre une vie de plus cette nuit"


L'enfant s'approchait toujours, et Débolith remarqua qu'il ne faisait presque plus d'efforts pour être silencieux. "Il veut que je le voie... Les autres sont autour. Braves gosses !"

La fille-loup se releva et sauta au-dessus du jeune garçon, rompant le cercle que les enfants avaient mis en place. Elle les vit se regrouper depuis la cime d'un arbre proche. Ils discutaient et indiquaient la forêt du doigt. Le plus âgé invectivait les plus jeunes. "Ils ont encore peur, ils ne veulent pas y aller."

Une des enfants commença à pleurer et le plus grand la gifla. L'enfant s'arrêta instantanément mais fusilla l'aîné du regard.

Débolith ne pouvait les entendre mais elle voyait que la gamine était prête à frapper son frère.

"Tu es fatiguée" son esprit la ramena à la réalité immédiate. "Je verrai demain, ils sont de taille à affronter la forêt pour l'instant. Je peux dormir"

La jeune fille s'éloigna sous la sombre canopée, sautant d'arbre en arbre, silencieuse et vive.

Parallèlement à ses remords, elle n'avait jamais ressenti une telle impression de liberté, comme si elle avait fait ce pourquoi elle était venue au monde... Et cela lui fit peur.

Le lendemain, dès les premières lueurs de l'aube, Débolith partit en chasse. Elle avait mal dormi, elle se sentait seule. Incapable de dormir dans la grotte où elle avait passé sa vie avant le massacre, elle avait pris sa nuit dans un arbre et avait eu froid loin de la chaleur de ses frères.

Pour se réveiller et réveiller son corps engourdi, elle entama une longue course à travers la forêt, essayant d'être la plus rapide possible sans faire plus de bruit. Elle parvint ainsi à surprendre un faon qui s'était éloigné de sa mère. Au moment de passer à l'attaque, Débolith imagina la détresse de la mère lorsqu'elle ne retrouverait pas son petit.

"De quel droit vais-je prendre cette vie?"
"Tu as le droit de te nourrir, c'est la loi de la nature"
"Oui, mais ce n'est pas un adversaire à ma hauteur il n'a aucune chance."
"Depuis quand la nature est-elle juste? Tu dois te nourrir, pas te fatiguer contre un plus gros que toi"

Ce dialogue muet se déroulait dan son esprit et elle s'en rendit compte lorsque le faon fini par rejoindre sa mère.

"Je me parle à moi-même... je deviens folle en plus".

Elle opta finalement pour un vieux sanglier qu'elle transperça d'un pieu. La viande était dure et abîmait ses dents inadaptées.

"Je vais la cuire, ce sera plus tendre" elle alluma donc un feu et cuisit le vieux mâle, qui s'avéra nettement plus savoureux de cette manière.


Plus tard, elle découvrit les traces des enfants. Elle les suivit et s'aperçut qu'ils avaient tournés en rond dans la forêt. Après plusieurs dizaines de minutes, elle sentit une forte odeur de sang. Accélérant, elle commença à entendre des bruits de cris et sentit une autre odeur particulière.... Un Ours.

Elle courait à toute vitesse maintenant, et arriva sur le lieu du drame. L'Ours avait surpris les enfants, et si le plus grand tenait le monstre en respect avec une branche enflammée, une des plus jeunes n'avait pas eu le temps de se mettre à l'abri et les autres assistaient impuissants à la scène. L’ours avait attrapé la jambe de la gamine et lui avait asséné plusieurs coups de pattes. L’enfant ne bougeait plus et saignait abondamment. L’ours la tirait plus loin, hors de la clairière.

"J'y crois pas, elle vit encore" La fillette était gravement blessée mais gémissait pendant que l'ours la traînait vers sa grotte.

"Il ne la mangera que là-bas, j'ai un peu de temps"
Débolith avait remarqué pendant sa course qu'elle était beaucoup moins rapide que la nuit.
"Je ne sais pourquoi, mais je dois faire avec"

Elle se rapprocha des enfants qui brandirent la branche.

"On se calme les gosses. Pourquoi êtes-vous partis du vaisseau ? Vous y étiez en sécurité."

Une des gamines s'avança mais l'aîné la retint
"- Ne t'approche pas !" Il s'adressait aussi bien à Débolith qu'à sa petite soeur.

"Je ne vous veux pas de mal, pourquoi n'avez vous pas pris les armes?"

"- Casses-toi!", lâcha l'aîné
"A votre guise. Mais votre soeur vas se faire bouffer, et ça ne va pas lui plaire... Et comme en plus c'est la saison des jeunes, ça risque de prendre beaucoup de temps si elle ne meurt pas tout de suite...

-TAIS-TOI!" Les enfants avaient blanchi et l'aîné semblait très en colère.

"Il n'a pas su la défendre, il s'en veut"

Une petite voix se fit entendre
-"Sauve-la, s'il te plaît"
- Emilia!" Le grand frère avait plaqué sa main sur la bouche de la plus jeune. "C'est notre ennemie, tu as déjà oublié ce qu'elle a fait à maman et à Jim, et a Scypher, et à Lamia?"

L'enfant secoua la tête, des larmes coulaient de ses yeux. Débolith avait l'impression que cet enfant n'avait jamais souri. Elle avait un visage triste et les yeux éteints.

"Tires-toi, t'en a assez fait. Je te jure qu'un jour tu nous le paieras!"

"Il est courageux", pensa la fille loup.

"Ok, tu te vengeras, et tu me tueras, mais t'as pas envie d'attendre un peu et qu'on ramène ta soeur avant?"

Débolith cru voir un sourire apparaître chez certains des enfants, même la petite Emilia semblait un peu moins triste. L'aîné lui, semblait perturbé..

"Je ne vous ferez aucun mal, je vous le promets."
"- Pourquoi on te ferait confiance? Tu as tué toute notre famille.
- Et bien, ne le fais pas, et laissons ta soeur mourir..."
Le plus grand réfléchissait à toute vitesse.
- C’est d’accord, mais au moindre geste suspect, je te démolis !

"Gagné" pensa Débolith, pendant qu’un poids très lourd s’éloignait des ses épaules.

"-Il nous faut un plan d'action, vous savez ce que c'est? Débolith se le demandait elle-même pendant que son cerveau envoyait les informations
- Tu nous prends vraiment pour des cons ! S'exclama l'aîné, bien sûr qu'on sait ce que c'est!
- ok, ok, petit homme, tu en as un?
L'aîné prit un air sarcastique: t'as qu'a lui foncer dessus et le réduire en charpie, tu fais ça très bien.
- On peut mais si je ne le tue pas tout de suite il va achever ta soeur. Il nous faut un truc qui le prendra tellement au dépourvu qu'il ne songera pas à sa proie.

- T'as dis que c'était la période des jeunes, si on y allait et qu'on les menaçait?

C'était au tour de Débolith d'être agressive.
- On ne fera pas de mal aux jeunes et on ne tuera l'ours que si on ne peut faire autrement, après tout, je n'ai plus faim et lui si, il a le droit de chasser et de manger.
- Tu n’as fais pas autant de simagrées pour massacrer nos parents....
- Ils m'ont attaqués…

-STOP! La voix qui avait retentit, était celle d'Emilia.
Si vous disputez tout le temps on pourra pas la sauver et le monstre va la manger! Alors arrêtez!

"Sa voix essayait d'être ferme mais ses yeux la trahissaient"

-Tu as du cran petite "Emilio?"
-EmiliA, et il faut bien qu'y en ai un d'adulte ici!
"Autant pour moi...."

-Très bien gamine, ton idée?
L'aîné s'était tu...

- Euh... je sais pas... on pourrait... euh... lui trouver autre chose à manger?
"Pas mal"
-Pourquoi pas, EmiliA. Les ours adorent le miel, si on lui en trouve il se désintéressera de votre soeur.

L'aîné avait reprit contenance.
- Et on en trouve où, du miel?
- Suivez moi, et essayez de vous dépêcher, on a pas trop de temps.

Elle partit au pas de course, et s'arrêta presque immédiatement.
- Eh! Vous venez? Les enfant se trouvait à une vingtaine de mètres.
- Tu vas trop vite on peut pas te suivre.
- On n’est pas tous des mutants ici, renchérit l'aîné.
"Mutant?" son esprit lui envoya l'information... "Oui, je suis une mutante... je ne suis pas normale"
- Très bien, très bien, mais courez quand même.

Le petit groupe se dépêcha donc, et partit à la recherche de miel.
Seule Débolith entendait encore les gémissements de la fillette en danger et elle sentait qu’elle ne gémirait plus très longtemps. "Il faut vraiment accélérer."

Heureusement pour eux tous, Débolith savait exactement où chercher et elle ne tarda pas à trouver une ruche d'abeille "gentilles" comme elle les appelait dans ce sens où elle ne piquaient pas trop fort.

Elle s'en approcha, tout en désignant aux enfants un endroit où se cacher, pour le cas où les abeilles ne seraient pas de bonne humeur.

Lorsqu'elle arriva contre la ruche, elle mit ses mains entre les rayons et tira d'un coup sec. Elle écartela la ruche et une nuée noire se jeta sur elle.
Débolith se saisit des rayons centraux et s'encourut à toutes jambes "elle ne piquent peut-être pas très fort mais c'est pas agréable pour autant" expliqua-t-elle aux enfants quand elle eut semé les abeilles.

"- Bon on perd pas de temps, vous allez faire exactement ce que je vous dis et tout se passera bien pour votre soeur....
- Pourquoi on ferait exactement se que tu veux? L'aîné se sentait encore dépassé....
-Parce que si tu ne le fais pas... oh et puis merde! Débolith abattit sa main sur la nuque du jeune garçon et celui-ci s'évanouit.

Bon maintenant qu'on a la paix... Quoi encore?

Les enfants la regardaient comme si c'était le diable en personne...
- Mais arrêtez de me regarder comme ça on dirait des poissons! On n’a pas le temps. Suivez-moi et ne vous inquiétez pas pour celui-là, il est en sécurité, les grands prédateurs ne sortent que la nuit.

Débolith se dirigea vers la grotte de l'ours sans se soucier des enfants. Au bout de quelques secondes elle les sentit la suivre et accéléra un peu la cadence.

En 5min, ils étaient devant la grotte de l'ours. "Il n'est pas là, il est plus lent que ce que j'imaginais."

Débolith déposa le miel devant l'entrée, dans le courant d'air.

S’adressant aux enfants:" Cachez-vous et quand je vous le dirai, sortez et faites le plus de bruit possible, ça devrait pas être dur!.

Les enfant n'avaient plus dis un mot depuis l'incident près de la ruche et ils ne firent qu'acquiescer.

Débolith attendit dans un arbre, guettant l'ours.
Lorsque celui-ci arriva, la jeune fille sentit la fillette en vie et en fut soulagée.
L'ours respira le miel et poussa un grognement de plaisir. Oubliant complètement sa proie, il se précipita sur le miel. Lorsqu'il l'eut atteint, Débolith cria "Maintenant" et les enfant sortirent en criant de tous les côtés, affolant l'ours qui se retournait dans tous les sens en poussant des grognements.

Débolith en profita pour se lancer de son arbre et, atterrissant près de la fillette, la prit dans ses bras le plus délicatement possible, avant de refaire un bond jusqu'aux hauteurs salvatrices.

"C'est bon, rendez-vous à la ruche."
Les enfants s'éparpillèrent, se regroupant un peu plus loin avant de se diriger vers l'endroit où gisait l'aîné.

Après que Débolith s'en fut assurée, elle se concentra sur les blessures de l'enfant, et ce qu'elle vit ne lui plut pas du tout. La morsure était profonde et avait brisé l'os, sectionnant l'artère fémorale, "Sa jambe gauche est morte" se dit-elle.